Mario Rigoni Stern (2007)

L'auteur de l'année 2007, c'est à dire ma plus belle découverte, c'est Mario Rigoni Stern.  Découvert avec Histoire de Tönle, puis retrouvé avec bonheur dans L'année de la victoire, puis, Le sergent dans la neige.

La plupart des romans de Mario (et oui je me permets de l'appeler Mario, j'aime tellement ce qu'il écrit ! "je dis tu à tous ceux que j'aime, même si je ne les connais pas") sont consacrés à la guerre. La première ou la seconde (pour la seconde il s'agit de sa propre expérience, il l'a vécue.)

Histoire de Tönle est un tout petit livre, léger, discret, qui n'a l'air de rien comme ça, perdu dans l'immensité d'une mer de livres d'occasion. On pourrait presque passer sans le voir... J'aurais pu ne jamais le connaître! Mais sa maigreur ascétique cache un grand coeur, un récit d'une grande sensibilité, débordant de tendresse pour LES GENS (ça, j'aime !) . Il fait partie de ces livres qu'on peut lire et relire. Comme le titre l'indique en toute simplicité, on accompagne Tönle au fil de sa vie, jusqu'à la rupture. Tönle, vit de contrebande, puis d'autres choses. C'est un homme simple, en accord avec lui-même et avec la nature. Mais le monde autour de lui est plus compliqué, en témoigne l'histoire de sa famille déjà bouleversée à plusieurs reprises  par l'Histoire: nous sommes dans une région frontalière: Italie, empire austro-hongrois...

Les frontières n'arrêtent pas Tönle, mais la guerre bouleversera sa vie. Un très beau personnage, que l'on aimerait avoir rencontré dans sa vie. A travers son histoire, c'est aussi celle d'un peuple frontalier qui se dessine, et puis c'est la guerre vue davantage du côté des populations, que des armées (plus encore dans l'année de la victoire), ce qui n'est pas souvent le cas, du moins dans les romans consacrés à la première guerre mondiale que j'ai pu lire jusqu'à présent.

Ajoutez à ça qu'un véritable hymne à la nature et à sa beauté est fredonné en filigrane tout au long du livre: j'ai été comblée. J'ai lu parfois que ce livre était froid... pour moi il n'en est rien ! Il s'agit de pudeur et de délicatesse. Et je l'ai trouvé tout simplement bouleversant. Chez Tönle, un cerisier pousse sur le toit de la maison, et la saveur de ses fruits vous restent longtemps en bouche...